Après mûre réflexion, j'ai décidé de m'engager publiquement sur l'investiture PS pour l'élection présidentielle.
J'ai longtemps hésité, mais la teneur du deuxième débat télévisé entre les 3 candidats et surtout ce qui s'est passé au Zénith, m'ont décidé dans un choix qui n'était pas évident et à l'exprimer publiquement.
Rappelons le contexte, nous allons désigner le candidat ou la candidate que nous voulons voir ensuite devenir Président ou Présidente de la République.
Il ne s'agit pas là de peser ou soupeser les voix dans le cadre d'un congrès, il s'agit de faire le bon choix pour mener la politique sur laquelle nous nous sommes mis d'accord dans le cadre d'un projet. Et pour y parvenir il faut être en mesure de gagner la présidentielle.
Contrairement à ce que je lis et entends, cette désignation interne n'est pas seulement un problème interne au PS, même si, et c'est ce qui fait de notre parti un parti démocratique, ce sont bien les militants et eux seuls qui vont désigner la ou le candidat.
Ce n'est pas seulement un problème interne au PS parce que l'on doit écouter, entendre ce qui se dit autour de nous et notamment les sympathisants, et plus largement le peuple de gauche. Celui qui nous permet de gagner quand il se reconnaît dans les valeurs et les candidats qui sont les nôtres.
Or aujourd'hui, que dit le peuple de gauche dans sa très large majorité et pas seulement dans les sondages. Il attend que nous désignions Ségolène Royal comme candidate.
Je le dis, et pourtant, je ne crois pas à la toute puissance des sondages mais j'écoute autour de moi, les militants d'abord, les sympathisants ensuite et toutes les personnes que je rencontre à Cognac et ailleurs.
Ce choix est un choix de raison et de conviction dans la situation présente. Personne ne m'y a contraint et je n'en attends rien en retour.
Si je choisis Ségolène alors que nous nous sommes trouvés en désaccord à plusieurs reprises dans un passé récent (référendum, congrès) c'est parce que je ne crois pas qu'un autre candidat puisse à la fois gagner dans le parti et ensuite gagner la présidentielle. Non pas que les deux autres candidats, Dominique Strauss-Kahn ou Laurent Fabius n'en aient pas la stature ni la compétence mais parce que le premier symbolise trop la gauche libérale et le second, dont pourtant je me sens proche dans son ancrage marqué à gauche aujourd'hui, n'a pas réussi à faire fructifier le résultat du référendum sur le traité constitutionnel contre lequel il s'était engagé à juste titre.
Au delà des candidats, je n'oublie pas la priorité des priorités qui est de gagner la présidentielle non pas pour le plaisir de gagner, mais parce que les françaises et les français attendent une autre politique, plus proche d'eux, plus sociale, qui corresponde aux valeurs de notre République et pas la république agitée, "karchérisée", et américanisée dont nous menace Nicolas Sarkozy.
Or le seul candidat qui ajourd'hui nous assure d'être présent au second tour, rappelons nous le 21 avril, et qui a de réelles chances de battre le candidat de droite, c'est Ségolène Royal.
Dans ces conditions, à quoi et surtout à qui profiterait un second tour dans le vote interne du jeudi 16 novembre ?
Quelles alliances de second tour feraient qu'elle puisse être battue, qui peut imaginer que les militants de gauche du PS puissent se retrouver sur DSK pour faire barrage à Ségolène ou que ceux de DSK soient prêts à apporter leur suffrage à celui qui a voté et fait voter "non" au référendum ?
Cela n'a pas de sens ! Un second tour satisferait la droite qui verrait une candidate affaiblie, en position difficile dans son propre camp et cette même droite n'aurait de cesse de le rappeler tout au long de la campagne à venir.
Et puis, si comme on l'entend quelquefois, certains se disaient "elle va se planter, j'aurai ma chance la prochaine fois", ce serait ignorer ce que vivent trop de salariés, de retraités, de petites gens qui ne peuvent pas attendre, eux, que la roue politique tourne en faveur de tel ou tel éléphant.
Pour ce qui est des positions de Ségolène, celles et ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas un "béni-oui-oui", qu'il m'arrive de ne pas être d'accord et de m'interroger.
Par exemple, dans le débat sur le droit du travail, je ne considère pas que le contrat doive avoir primauté par rapport à la loi. En revanche, sur les 35 heures, le militant syndicaliste que je suis est d'accord pour dire qu'elles ont créé une insatisfaction auprès de salariés, souvent les moins bien protégés dans les petites entreprises, contraints par une loi Aubry 2 mal conçue, à accepter des conditions de travail dégradées.
Mais plus généralement, dans les débats qui nous agitent, elle est souvent qualifiée de "trop libérale, blairiste, pas assez à gauche". Pour juger, regardons, regardez concrètement ce qui se fait en Poitou-Charentes. Je voudrais que l'on m'explique dans les mesures que nous avons prises, lesquelles auraient pu être plus à gauche ? Quelques exemples : quand il a fallu montrer concrètement notre opposition aux CPE et CNE, nous l'avons fait en refusant que l'on aide une entreprise qui utiliserait ce type de contrats. Nous avons également conditionné nos aides à une éthique sociale dans l'entreprise et demandé le remboursement de ces mêmes aides en cas de délocalisation. Quand nous avons dû prendre position contre la fermeture d'une entreprise, nous l'avons fait, elle l'a fait, avec une grande fermeté qui en a étonné plus d'un, à commencer par les patrons d'Aubade par exemple.
Quand il s'est agi de se prononcer contre les OGM, contre l'AGCS, nous avons été des précurseurs...
Je dois le dire, je suis fier du travail de gauche que nous menons en Poitou-Charentes. Au nom de quoi, ce qui est possible ici, ne le serait pas pour le Pays ?