C'est long mais intéressant. Je vous restitue l'analyse de Gérard Filoche et Jean Jacques Chavigné.
La crise
financière et ses enseignements
samedi 25 août 2007 par Jean-Jacques
Chavigné, Gérard Filoche
Tout a commencé lorsque le piège tendu par les
organismes de crédit hypothécaires du secteur des « subprime » s’est refermé sur
les salariés pauvres américains.
Aux Etats-Unis, les prêts immobiliers
sont ventilés en trois catégories : « subprime », « non-prime » et « prime ». La
catégorie des « subprime » correspond au niveau de solvabilité le plus bas de
l’emprunteur, le plus souvent des salariés pauvres.
Ces prêts sont
accordés par un institut de crédit spécialisé ou par une banque commerciale. Ils
sont garantis par une hypothèque. Ils fonctionnent comme un véritable piège :
les premières années les mensualités de remboursement sont peu importante. Mais
très rapidement le taux s’élève et peut atteindre 18 %. Nombre de salariés
pauvres ne peuvent plus, alors, payer leurs mensualités.
Ce système ne
peut fonctionner, au détriment des salariés pauvres et au profit des banques,
que dans un contexte de hausse des biens immobiliers. C’est, en effet,
uniquement dans un tel contexte que les organismes de crédit sont assurés, grâce
à l’hypothèque qui leur permet de faire vendre le bien, de récupérer leur
capital et les intérêts déjà dus au moment où l’emprunteur n’arrive plus à payer
ses mensualités.
Mais depuis trois ans, les salaires stagnent et les taux
de la Réserve fédérale (FED) sont passés de 2 % à 5,75 % augmentant d’autant les
taux des prêts « subprime », variables et indexés sur les taux de la FED. Des
emprunteurs de plus en plus nombreux ont donc cessé de payer leurs mensualités.
Leurs logements ont été vendus aux enchères ce qui n’a fait qu’accentuer la
baisse déjà en cours des prix de l’immobilier. Durant ces mêmes années, 1,2
millions d’Américains ont perdu leur logement et la situation ne fait qu’empirer
en même temps que se dégonfle la bulle spéculative immobilière.
Les arroseurs
arrosés
Les emprunts « subprime » n’ont pas été gardés dans le bilan des
organismes qui les avaient accordés. Ces organismes ne se chargent plus,
moyennant une commission, que de recouvrer les mensualités. Ces prêts ont été «
titrisés » c’est-à-dire qu’ils ont été regroupés avec d’autres créances sur un
instrument financier, le CDO (Collteralized Debt Obligation), et mis en vente
sur les marchés financiers.
Ces CDO ont été plutôt bien noté par les
organismes de notation (Moodys’s, Standard and Poor’s ou Fich) et ont été
achetés par des fonds de placement partout dans le monde. Ces fonds ont acheté
ces CDO en toute connaissance de cause : ils voulaient « doper » le rendement de
leurs produits grâce au intérêts exorbitants payés par les emprunteurs du
secteur des « subprime ». Ces CDO se sont même retrouvés dans de très nombreuses
SICAV présentées comme « sans risque » à leurs souscripteurs.
Les
organismes de prêts hypothécaires à risque (tel l’American Home Mortgage) ont
été les premiers touchés par l’augmentation rapide des non remboursements de
prêts « subprime » : il leur devenait difficile de continuer leur
activité.
Les fonds de placement ont suivi, aux Etats-Unis, en Allemagne,
en Australie, en France où, le 7 août, BNP-Paribas décidait de suspendre le
calcul de la valeur liquidative de trois de ses fonds qui venaient de perdre
plus de 20 % en un peu moins d’uns semaine.
De la crise immobilière à la
crise boursière en passant par la crise bancaire
Vendredi 10 août, tout
s’est accéléré. Aux Etats-Unis, en Europe, les banques ne prêtaient plus qu’avec
une extrême réticence aux autres établissements financiers. Elles avaient peur
de ne pas être remboursés si ces établissements étaient trop engagés dans
l’immobilier américain. Le taux interbancaire (taux auquel les banques se
prêtent de l’argent au jour le jour) passait en quelques minutes de 4,10 % à
4,70 %. Il faut dire que la plupart des analystes financiers estiment a plus de
300 milliards de dollars l’engagement des banques dans le secteur des « subprime
» alors que 3 milliards de dollars seulement ont pour le moment été identifiés.
En quête de liquidités, les banques se précipitaient alors sur le marché
monétaire, marché plus large que le marché interbancaire où seuls peuvent
intervenir les institutions financières.
La crise immobilière s’était
transformée en crise bancaire et monétaire.
Les banques centrales sont
alors intervenues massivement. La FED, la Banque Centrale Européenne (BCE), la
Banque du Japon ont, au total, en un peu plus d’une semaine, mis plus de 400
milliards d’euros de liquidités (sous forme d’euros, de dollars ou de yens) à la
disposition des établissements bancaires.
Après ce « vendredi noir », les
craintes des marchés se sont étendues à toutes les opérations de
crédit.
La crise de l’immobilier aux Etats-Unis s’est étendue aux marchés
des emprunteurs des catégories « prime » et « non-prime » c’est-à-dire à des
marchés où les emprunteurs sont, en principe, beaucoup plus
solvables.
Les actions des fonds d’investissements spécialisés dans
l’acquisition d’entreprise à crédit, les Leverage Buy Out (LBO) ont vu leurs
cours baisser.
Les grands investisseurs qui détenaient une bonne part des
actions des fonds engagés dans le crédit immobilier ont vendu leurs actions dont
le cours s’effondrait. Ils ont également vendu une partie des actions des grands
groupes bancaires qu’ils détenaient : la valeur de ces actions baissait alors
rapidement.
Pour compenser leurs pertes dans ces secteurs, ces grands
investisseurs se sont alors mis à vendre les actions qu’ils détenaient dans
d’autres compartiments du marché financier. Ces ventes ont entraîné une baisse
générale des cours boursiers. La panique a commencé à s’emparer des marchés
financiers : ces baisses ont fait boule de neige et entraîné de nouvelles
baisses des cours.
La crise bancaire et monétaire était devenue une crise
boursière.
Les nombreux fonds qui étaient investis dans l’immobilier
américain ont commencé à vendre leurs valeurs mobilières sur les marchés
européens et asiatiques, afin de trouver des liquidités.
Les
investisseurs (notamment japonais) qui avaient emprunté des yens (en ne payant
des taux d’intérêt que de 0,50 %) pour les placer dans des monnaies de pays ou
les taux d’intérêt sont 10 à 15 fois plus élevés s’empressaient de reconvertir
leurs avoirs en yens afin de se mettre à l’abri de la crise des « subprime » et
de ses retombées. Ce mouvement entraînait une brusque appréciation du yen par
rapport au dollar. La peur que cette hausse du yen ne pénalise les exportations
des grands groupes japonais s’emparait alors des investisseurs qui se mettaient
à vendre les actions de ces groupes, entraînant ainsi la baisse de leurs
cours.
La crise née aux Etats-Unis s’étendait à l’ensemble des places
boursières de la planète. C’est l’une des rançons de la mondialisation libérale
et de la totale liberté de circulation qu’elle accorde aux capitaux.
« Trop
gros pour faire faillite »
« Too big to fail », c’est cet adage
anglo-saxon qui a amené les banques centrales à soutenir les établissements
bancaires au bord de l’effondrement en mettant à leur disposition plus de 400
milliards d’euros. C’est particulièrement vrai en Europe où l’engagement des
banques allemandes dans les crédits américains à risque menaçait d’effondrement
le système bancaire allemand d’abord, européen, ensuite.
Il est difficile
de comprendre pourquoi la politique de la BCE et de la FED a recueilli tant de
louanges, même à gauche. En réalité, on ne voit pas comment elles auraient pu
agir autrement et ne pas jouer leur rôle de « prêteur en dernier ressort » afin
d’éviter une crise systémique, un effet domino généralisé. Il ne faut pas, pour
autant, se voiler la face : il ne s’agit là que de reculer pour mieux
sauter.
La BCE a accordé 300 milliards d’euros de crédit aux banques. La
FED a non seulement mis plus de cent milliards de dollars de liquidités à la
disposition des banques, mais elle a baissé son taux de réescompte, leur
permettant ainsi un refinancement permanent à un taux inférieur de 0,5 point.
Elle a même été jusqu’à accepter en garantie, en contrepartie des liquidités
prêtées aux banques, une « large gamme » de produits financiers, « y compris des
prêts hypothécaires et des actifs qui y sont liés ». C’est-à-dire qu’elle a
encouragé les banques à se débarrasser d’une partie des crédits hypothécaires à
risque. Dès lors, pourquoi les banques se gêneraient-elles ? Pourquoi ne
continuerait-elles pas à prendre les même risques puisqu’elles savent que leurs
pertes seront, de toute façon, limitées par l’intervention des banques centrales
?
La lutte contre l’inflation : un prétexte pour la BCE
Le président
de la BCE, Trichet, affirmait, en pleine crise financière : « La forte inflation
c’est un peu de la drogue, cela vous donne des satisfactions immédiates mais
ensuite vous le payez cher. » (Le Monde 16/08).
Mais de quelle inflation
parlait-il ? De l’incroyable augmentation des prix des actifs financiers depuis
vingt ans ? Non, aussi irréaliste que cela puisse paraître, il parlait de
l’augmentation des prix de 1,8 % prévue en 2007 par la BCE dans la zone euro. En
quoi une telle augmentation des prix peut-elle être qualifiée de forte inflation
et même d’inflation tout court alors que la BCE elle-même considère qu’il n’est
possible de parler d’inflation qu’à partir d’une augmentation des prix de 2 %
?
Quant à la définition de la drogue donnée par Trichet elle
correspondait parfaitement à l’injection de 300 milliards d’euros de liquidités
qu’elle a accordé aux banques de la zone euro au nom de la « stabilité
financière ». Cette injection (c’est bien le mot !) ne donne-t-elle pas, en
effet, aux banquiers des « satisfactions immédiates » mais qui se paieront,
demain, par la création de nouvelles bulles spéculatives ? Cela avait déjà été
la conséquence de l’injection massive de liquidités à la fin des années 1990,
lors de la crise née de la faillite du fonds spéculatif américain « Long Term
Capital Management » (LTCM). Cette injection de liquidités avait largement
contribué à la formation de la bulle immobilière aux Etats-Unis, cette bulle qui
est à l’origine de l’actuelle crise financière.
La crise financière met à
nu la politique de la BCE : son objectif réel n’est pas de lutter contre «
l’inflation » comme elle le martèle tous les jours. Ce combat est éminemment
sélectif. La seule inflation que combat la BCE est celle qui pourrait voir pour
origine des « augmentations de salaires plus fortes qu’attendu », selon la
langue de bois de cette institution. L’augmentation des profits (qui rentre
pourtant, au même titre, que les salaires dans le prix des marchandises ou des
services) n’est jamais remise en cause par la BCE. Au contraire, toute sa
politique a pour objectif d’augmenter les profits en jugulant les augmentations
de salaire au nom, précisément, de la lutte contre l’inflation.
En
gonflant de 300 milliards d’euros la masse monétaire de la zone euro, la BCE a
agi en totale contradiction avec ses discours anti-inflationnistes. Elle a ainsi
apporté une nouvelle fois la preuve de ce qu’était sa véritable mission :
préserver à tous prix la « stabilité des marchés financiers » et la valeur des
capitaux, même si le prix à payer était une recrudescence de l’inflation
!
Les faux remèdes de Sarkozy
Fidèle à sa politique de posture,
Sarkozy ne pouvait faire autrement que de réagir à la crise financière. Il a
donc envoyé un message à Angela Merkel, présidente actuelle du G7 dans lequel il
lui proposait d’ « œuvrer à la transparence des marchés, principal instrument de
régulation ».
Berlin s’est contenté de constater : « Sarkozy rejoint le
débat ». Il est vrai que lors de la dernière rencontre du G8 (le G7 + la
Russie), en juin dernier, Angela Merkel avait fait des propositions proches de
celles que fait aujourd’hui Sarkozy. Elle s’était, alors, heurtée à l’opposition
immédiate de Bush et de Blair mais Sarkozy était resté d’une rare
discrétion.
De toute façon, les propositions de Sarkozy sont des plus
limités puisqu’il se refuse « à instaurer des mesures qui seraient de nature à
rigidifier le financement de nos économies ». Ce qui revient à dire qu’il
laissera les marchés financiers organiser eux-mêmes leurs transparences. Il
rejoint en cela la Commission européenne qui ne veut « réglementer qu’en dernier
ressort ».
Il n’y a là rien de nouveau sous le soleil. A chaque crise
financière ce sont les mêmes discours qui sont tenus mais, en pratique, rien ne
change. Les agences de notation sont de nouveau sur la sellette : elles
l’étaient déjà lors de la faillite de l’entreprise américaine Enron en décembre
2001.
Malgré les admonestations de Sarkozy, les fameux « hedges funds »
(fonds spéculatifs) ne changeront rien à leurs pratiques : la plupart d’entre
eux ont leur siège social dans des paradis fiscaux qui sont la condition même de
l’existence de la mondialisation libérale.
Dans Le Monde du 17/08,
l’économiste Elie Cohen précisait fort justement : « Nous vivons dans un monde
d’innovation financière, qui passe par l’invention de nouveaux produits d’une
complexité grandissante. Les inventeurs de ces produits jouent des différences
de réglementation existant dans différents pays et secteurs de marché. Le
régulateur court toujours après l’innovation et a toujours un temps de retard…
»
Rien ne change donc car rien ne peut changer sans remettre en cause la
mondialisation libérale et ses conditions mêmes d’existence : les paradis
fiscaux, la fuite en avant dans des innovations financières de plus en plus
risquées…
Cette volonté de transparence absolue relève de l’utopie
néo-libérale, de la croyance en une possibilité d’ « anticipation rationnelles »
des acteurs économiques s’ils avaient connaissance de toutes les données des
marchés. Cette connaissance est bien sûr impossible. Il n’est, surtout, pas sûr
qu’elle change quoi que ce soit aux comportements des investisseurs. Comme le
souligne Frédéric Lordon (Finance internationale : les illusions de la
transparence, Critique internationale, janvier 2001), le comportement de ces
investisseurs relèvent de considérations psychologiques beaucoup plus primaires.
Ils sont soit « haussiers », soit « baissiers ». Et les informations provenant
des marchés sont sélectionnées en fonction de ces deux comportements de
base.
Lorsque les investisseurs sont « baissiers », ils ne veulent voir
que les informations qui confortent ce comportement. Lundi 20 août, un des
acteurs de la Bourse de Paris affirmait : « La seule bonne nouvelle, c’est qu’il
n’y en ait pas de mauvaises… ». En effet, à ce moment là, une seule mauvaise
nouvelle aurait fait s’écrouler les cours.
Lorsqu’ils sont « haussiers »,
leur regard est tout aussi sélectif et ne retient, là encore, que ce qui peut
conforter ce comportement. Qui peut croire, en effet, que les fonds qui
investissaient dans des CDO minés par les termites des « subprime » ne savaient
pas qu’ils prenaient des risques ? Ne savaient-ils pas qu’un produit qui promet
15 % de revenu est plus risqué qu’un produit qui s’en tient à 4 % ? Les banques
qui ont introduit ces produits dans leurs SICAV « sans risques » pouvaient-elles
ignorer les risques qu’elles faisaient prendre à leurs clients ?
Quel
investisseur peut ignorer que l’économie mondiale repose sur une montagne de
dettes, sur l’endettement colossale des ménages américains (135 % de leur revenu
annuel contre 67 % en France), sur l’énorme dette internationale (3 000
milliards de dollars) des Etats-Unis ? Ces déséquilibres sont, aujourd’hui, mis
sur le compte d’une « mondialisation heureuse » (P.A. Delhommais, Le Monde du
08/08/07) dans laquelle les excédents chinois viennent harmonieusement combler
le déficit américain. On croirait lire Bernadin de Saint Pierre pour qui le
melon a été divisé en tranches par la nature afin d’être mangé en famille… Mais,
en cas de nouvelle crise se traduisant par une vente massive des bons du Trésor
américain par la Banque Centrale chinoise ou les investisseurs japonais, la
moindre information annonçant un nouveau creusement du déficit américain ne
pourrait, alors, que provoquer un effondrement des cours boursiers.
Empêcher
les marchés financiers de nuire
Tout le monde semble d’accord pour «
réguler » les marchés financiers. Le problème - il n’est pas mince - est que le
verbe « réguler » a deux sens totalement différents.
Pour la droite et
les néo-libéraux, « réguler » c’est assurer la stabilité financière, une hausse
continue mais sans heurts de la valeur des actifs financiers. C’est, dans cette
optique, balayer tous les obstacles à la libre circulation mondiale des
capitaux. Contrairement à ce qu’affirme Sarkozy, ce que veulent instaurer la
droite et les néo-libéraux, c’est bien « la loi de la jungle » mais une jungle
où tous les obstacles entre les lions et les gazelles auraient disparus. Une
jungle où lions et les lionnes pourraient augmenter graduellement leur
consommation quotidienne de gazelles sans se heurter à l’effondrement de bulles
spéculatives…
L’autre sens du mot « réguler » est diamétralement opposé
au premier. Il ne s’agit plus d’écarter les obstacles qui gênent les prédateurs
financiers mais au contraire de multiplier ces obstacles afin d’assurer un
contrôle démocratique des marchés financiers.
Aujourd’hui, la domination
du capital s’appuie sur l’extrême mobilité des capitaux qui peuvent quitter,
sans le moindre obstacle ou contrôle, un pays, une entreprise et ainsi ruiner
une économie (le Mexique en 1994, l’Argentine en 2000) ou réduire d’un seul coup
des milliers de salariés au chômage. Cette domination place l’économie mondiale
en permanence au bord du gouffre, à la merci d’une crise systémique, d’un
tsunami comme celui de 1929 dont les premières victimes seraient le salariat et
la paysannerie pauvre. La crise financière actuelle indique clairement qu’il
faut mettre fin à cette situation qui ne laisse pas d’autre choix que
l’effondrement de l’économie mondiale ou l’encouragement à continuer de plus
belle donné aux spéculateurs par les Banques centrales.
Les marchés
financiers doivent être contrôlés, encadrés démocratiquement. Cela signifie la
suppression des paradis fiscaux, la possibilité pour les Etats d’Etat d’imposer
un contrôle des changes et des mouvements de capitaux, l’instauration d’une taxe
(du type de la taxe Tobin) qui entrave la libre circulation des capitaux
spéculatifs.
Le rôle de l’Union Européenne est déterminant dans ce
processus. Avec une population supérieure à celle des Etats-Unis est un PIB des
2/3, elle a le poids nécessaire pour imposer un tel contrôle des capitaux. Mais
il faudra pour cela remettre l’Union européenne sur ses pieds car, loin d’être
une quelconque protection contre la mondialisation libérale, elle en est le
moteur. L’Acte Unique de 1986 est l’acte fondateur de la libéralisation
financière : il interdit toute entrave à la circulation de capitaux à
l’intérieur de l’Union Européenne mais aussi entre l’Union Européenne et le
reste du monde.
L’avenir de la crise et ses conséquences
Personne ne
sait si la crise boursière est terminée. Chaque jour qui passe permet à la
nervosité des marchés financiers de se calmer. Aujourd’hui, « une seule mauvaise
nouvelle » ne ferait sans doute pas repartir la crise, mais
plusieurs…
Les déséquilibres économiques, monétaires et financiers à
l’origine de la crise n’ont pas été résorbés, au contraire. Pourtant ces
déséquilibres et notamment le siphonage d’une grande partie de l’épargne
mondiale par l’économie américaine ne pourront pas durer encore très
longtemps.
Les liquidités injectées par les banques centrales afin de
sauver les banques commerciales n’ont fait qu’encourager ces dernières à
persévérer dans leurs pratiques et contribuent au gonflement de nouvelles bulles
spéculatives.
Quelques organismes de crédit hypothécaire à risque ont
fait faillite, les fonds de placement ont essuyé 200 milliards de perte. Mais
les premiers touchés sont les salariés des Etats-Unis : les centaines de
milliers qui ont perdu leur logement, les dizaines de milliers qui sont
licenciés par les banques ou les fonds de placement en difficulté.
Le
dégonflement de la bulle immobilière américaine aura forcément des effets sur la
croissance des Etat-Unis en diminuant brutalement la consommation des ménages.
Les ménages qui voyaient la valeur de leur logement augmenter tous les jours se
croyaient riches et consommaient. D’autant, qu’aux Etats-Unis, le crédit
hypothécaire permet d’emprunter non seulement pour acheter un bien immobilier
mais aussi des automobiles, des téléviseurs ou des ordinateurs. Une baisse de la
croissance américaine, à fortiori une récession, réduirait les débouchés
commerciaux de la Chine, du Japon, de l’Asie et de l’Europe. Elle aurait des
conséquences négatives sur toute l’économie mondiale.
Les banques, les
compagnies d’assurance (aux Etats-Unis, en Europe…) se referont une santé
financière sur le dos de leurs clients en augmentant leurs taux, leurs
commissions et leurs primes. Cela ne pourra que réduire la consommation et donc
la croissance.
Les prévisions de croissance dans notre pays sont très
mauvaises : 1,5 % à 1,8 % en 2007, au lieu des 2,25 à 2,50 % prévu par le
gouvernement Sarkozy. La croissance de 0,3 % seulement au 2e trimestre ne peut
laisser aucune illusion à ce sujet. Dans ces conditions, le déficit public
(Etat, Sécurité sociale), déjà creusé par les 15 milliards de cadeaux fiscaux
faits aux nantis et par les exonérations de cotisations sociales ne pourra
qu’augmenter. Les attaques du Gouvernement de droite contre les salariés vont
donc s’accentuer après les mauvais coups de l’été : assurance-maladie, retraites
par répartition, TVA anti-sociale, CDI, droit du travail, droit de
grève…