Le texte est long mais il mérite attention
On n’a jamais eu un scandale avec des sommes aussi énormes :
Cela
a commencé par la découverte de quelques millions d’euro retirés en liquide par
le principal patron des patrons du Medef, le leader de l’UIMM (Union des
industries et métiers métallurgiques). M. Denis Gautier-Sauvagnac, (dit « DGS »)
figure éminente du CNPF puis du Medef, faisait retirer régulièrement depuis de
longues années, des centaines de milliers, des millions d’euro en liquide… Les
enquêteurs ont parlé de 2 millions d’euro, puis de 7 millions retirés de la
Banque Martin-Maurel. Puis de 2 millions… par an. On en est vite arrivé à 20
millions d’euro : on en trouvait partout, dans les coffres de DGS, à Paris comme
à Marseille. Dans un coffre privé de DGS, il auraient même été trouvé 300 000
euro : un emprunt qu’il se faisait à lui-même au nom de son organisation,
pourquoi se gêner ? à rembourser en 2013 ! Dans sa comptabilité, cela figurait
sur papier simple ! Et apparemment cela servait pour acheter un appartement « à
la découpe », de 190 m° à l’Etoile au prix ridiculement bas de 331 000 euro, à
la suite d’un tuyau d’initié… `
Non seulement les chefs du patronat n’ont
pas nié l’existence de cette « caisse noire », de ce « pactole », de ces « fonds
secrets », (comment appeler cela ?), mais ils ont avoué sans vergogne, que
c’était une fort ancienne pratique ! « Donner des espèces à divers
partenaires dans la vie sociale (c’est) dans la continuité historique de l’UIMM,
dans sa mission de recherche du dialogue social » écrit François Ceyrac,
ex-président de l’UIMM et du CNPF (1969-1973), ainsi que deux de ses
successeurs, Arnaud Leenhardt (1992-1999), et Daniel Dewavrin (1999-2006) qui
renouvellent publiquement leur confiance à DGS. Ils ont fait pareil de leur
temps ! Ainsi de perquisition en perquisition, en arrive-t-on au chiffre
fabuleux de 160 millions d’euro détournés en liquide pour l’essentiel sur un «
trésor de guerre » placé en banque de 600 millions d’euro. Interviewé, François
Ceyrac, affirme que « ce que l’on prétend découvrir aujourd’hui, n’est pas
un mystère pour tout le monde, c’est même assez largement connu (de qui ?). Ce
qui frappe l’opinion, j’en ai pleinement conscience, c’est l’importance des
sommes en jeu. (…) « On peut penser qu’autrefois, c’était même beaucoup plus
» (sic) !
D’où vient cet argent fabuleux ?
Cet
argent nous dit-on est constitué de « cotisations volontaires et
supplémentaires », il ne s’agit en aucun cas des cotisations annuelles des
adhérents. Au-delà de leur « cotisation normale » explique M. Ceyrac, des
entreprises versaient « d’autres cotisations » dûment déclarées et pas en
espèces sur un compte bancaire ». Mais pourquoi deux types de cotisations
alors ? Pourquoi deux versements séparés ? DGS assure que l'argent liquide
provenait d'un seul fonds informel, baptisé « Entraide pour les industries
métallurgiques » (Epim).
Créée, selon lui, en 1972, cette caisse de
secours sans existence juridique ne serait que la résurgence d'une première
structure ouverte après les grandes grèves de 1947. À l'origine, 2.000
entreprises y cotisaient, sur la base du volontariat, à hauteur de 0,02 % de
leur masse salariale, laquelle représentait 1,3 million de salariés, soit la
moitié des effectifs de la métallurgie. Aujourd'hui, elles ne sont plus qu'une
centaine à verser une contribution de 0,004 % .
Sur quelle ligne de leur
comptabilité figurent ces sommes ? Sur quelles sommes non versées ailleurs
(fisc, salaires, cotisations sociales ) ont-elles été prises ? Et tout cela
fournit 600 millions d’euro d’avoir qui sont distribués au moins à raison de 2
millions par an, en espèces ? (Ce qui, de source policière, pèserait 24 à 32
kilos selon les coupures employées, et tiendrait dans quatre attachés-cases). Au
fil du temps, entre les cotisations amassées et les indemnités effectivement
versées par les entreprises, un pactole de 160 millions d'euro a été constitué.
Placé en sicav et autres obligations, via une trentaine de comptes bancaires,
(pourquoi tant de comptes différents ? Lesquels ?) il rapporte des intérêts et
s'élève actuellement à 290 millions d'euro, a déclaré « DGS », à quoi s'ajoutent
des plus-values « latentes » (sic : la valeur des placements en Bourse ?)
d'environ 300 millions d'euro. Au total, l'UIMM dispose donc d'un potentiel de
près de 600 millions d'euro, selon « Le Parisien ». Selon d’anciens
responsables, cela aurait pu atteindre un milliard.
Qui savait ?
Mme Laurence Parisot a toujours le sens extraordinaire des formules.
En tant que patronne du Medef, responsable élue des fédérations qui y sont
liées, elle a une expression inouïe : « Beaucoup savaient inconsciemment » !
(sic)
Le « savoir inconscient et collectif » est une notion nouvelle vraiment
fascinante.
« Beaucoup » savaient : c'est-à-dire tout le conseil de
lUIMM, tout le conseil du Medef.
La page 20 des statuts actuels du Medef
consultable sur Internet, est entièrement consacrée aux « cotisations - comité
financier » : elle explique dans son article 16, l’assiette, le calcul,
le règlement des cotisations, celles des organisations professionnelles, des
organisations territoriales, des organisations des membres associées et des
personnes morales admises à participer, elle décrit le « comité
financier » qui procède aux examens des situations des organisations
concernées, il y est même prévu un « audit des comptes ». Mme Parisot
affirme que c’est « ubuesque », (est-ce bien le mot approprié ?) qu’elle
« ignorait tout », qu’elle se « sent salie », elle appelle à la «
transparence » et propose… de changer les « statuts du Medef » ! Mais c’est du
pipo : cette transparence y est déjà prévue…
Mme Parisot en rajoute : «
Non seulement je ne savais rien, mais je ne comprends même pas. (...) Je suis
abasourdie, on ne peut pas défendre l'indéfendable (sic) » sur Europe n°1, puis
« Nous sommes libérés par cette révélation, c'est une nouvelle vie qui commence
» (sic) « Certains utilisent le mot crise, c'est moins une crise qu'une
convulsion qui va permettre d'accoucher d'autre chose, allant vers la modernité
et l'ouverture » (sic). La voilà qui se décrète purifiée contre son gré, en
quelque sorte. Elle ose même, en conférence de presse, affirmer : « Cette
affaire et ces révélations, ça me fait l'effet de la révélation d'un secret de
famille ». (sic). Est-ce ce genre de secret où l’oncle a violé la
petite-nièce et que l’on n’ose pas évoquer ?
« C'est quelque chose que nous
ignorions totalement pour l'UIMM et que sûrement nous ignorons pour d'autres
». Ah, quel aveu - préventif - de plus ? Il y en aurait « d’autres » que
l’UIMM qui seraient concernées par le même « problème » parmi les organisations
du Medef ? M. De Callan et d’autres auraient touché ? Mme Parisot ne le sait pas
« consciemment » alors que les statuts actuels du Medef qu’elle dirige depuis
deux ans, lui permettent, lui imposent parfaitement de tout
savoir.
Et si on le lui a caché, en dépit des statuts, et alors que cela
existait depuis si longtemps, alors que c’était aussi « gros », comment a t elle
fait pour ne pas voir ? Elle n’a pas cherché ou bien elle a fermé les yeux ? Qui
le lui cachait ? Si c’était légal, normal, usuel, ancien, pour quelles raisons
le lui cachait-on ? Qui l’a “salie” ?
Depuis quand
?
« Cela fonctionnait depuis 123 ans » affirme Yvon Gattaz,
président du CNPF de 1981 à 1986. D’autres expliquent que cela remonte à
l’après-guerre, 1947.
D’autres encore à l’après-mai 68, en 1973.
Ce qui
veut dire que le « besoin » de ces fonds corrupteurs des “Maitres des Forges”
ont commençé du temps de Germinal. Mais peut-être aussi : soit à cause de la
guerre froide, soit à cause de la peur de mai 68. D’autres font
mine de s’étonner : pourquoi est-ce que cela n’éclate qu’aujourd’hui ? Comme si,
en fait, certains suggéraient que c’était le Medef qui était victime d’un «
complot » contre lui !
Ce qui est quand même une façon extraordinaire de «
retourner » les faits ! Le comploteur se verrait démasquer à un moment «
opportun » : par qui ? Pourquoi ? Par son ami Sarkozy parvenu au pouvoir ?
Quelle stupidité : croit-on que Sarkozy a un intérêt à se heurter à une
puissance telle que l’UIMM et le Medef réunis ? À faire ce qu’en 123 ans, aucun
pouvoir n’a pu faire ?
La vraie question n’est-elle pas : pourquoi y a t il
eu une telle complicité pour masquer cela pendant tant d’années ? Les textes sur
le blanchiment d’argent et les retraits en liquide ne datent pas d’aujourd’hui.
On nous explique qu’il y a eu plusieurs signalements au Parquet depuis l’an 2000
? Qui a empêché que l’enquête ne se déclenche plus tôt ? Il fallait que l’UIMM
soit sûre d’elle pour continuer le même système de retraits en liquide en dépit
des premières alertes !
Cela relève t il du “droit syndical” ?
Absolument pas.
Les leaders du Medef plaident qu’il s’agit dune
vieille pratique remontant à la loi Waldeck-Rousseau de 1884. Le Medef qui se
veut si « moderne », si empressé de changer le modèle social français archaïque,
s’est donc volontairement conformé à une si vieille loi, si peu appropriée ?
C’est encore faux.
La loi Waldeck-Rousseau du 21 mars 1884, reconnaît
les syndicats mais hors de l’entreprise et des lieux de travail. Elle ne peut en
aucun cas régler le versement d’argent par les entreprises !
« Les
syndicats ou associations professionnelles, même de plus de vingt personnes,
exerçant la même profession, des métiers similaires ou des professions connexes
concourant à l'établissement de produits déterminés, pourront se constituer
librement sans l'autorisation du gouvernement » affirme cette loi, qui
accorde également à ces syndicats « le droit d'ester en justice », de disposer
du produit de leurs cotisations, d'acquérir les immeubles nécessaires à leur
activité, de constituer des caisses de secours mutuels ou de retraites. La
notion de « secours mutuel » correspond-elle bien à l’usage des gigantesques
fonds de DGS ? Non, et ainsi que le reconnaît un membre du bureau de l’« Epim
» : « Cet argent sert aussi en préventif auprès des syndicats, pour éviter la
grève ». Ce qui ne correspond ni à la notion de « secours mutuel » ni à
celle du paiement des retraites prévues par la loi de 1884.
La loi
Waldeck-Rousseau précise que les syndicats professionnels peuvent, certes,
former des « unions » de syndicats, mais ces « unions » ne peuvent, elles, ni
posséder d'immeubles, ni entamer des actions en justice.
Le Medef et
l’UIMM sont des « unions » ! « Le Medef, selon ses propres statuts est une
association loi 1901, non un syndicat professionnel » Cela est écrit noir
sur blanc sur le diagramme du site patronal à la page : « Nature du Medef et
pouvoir normatif de l’interprofession nationale et territoriale au regard de la
négociation collective ».
« Le Medef national est une association loi
1901 constituée sous forme de confédération entre les organisations
professionnelles et territoriales d’entreprises qui adhèrent à ses statuts ».
Seules « les organisations professionnelles sont des syndicats
professionnels loi 1884 dotés de la représentativité légale ».
Le Medef
est souvent spécialiste, aux prud’hommes, en TI ou TGI, de mettre en cause les
droits d’ester en justice de syndicats de salariés pourtant bien mieux habilités
que le Medef et l’Union des IMM. Mais le voilà soudain approximatif : ce serait
la loi Waldeck-Rousseau qui l’autoriserait à drainer en secret des millions
d’euro en liquide et à en faire… ce que ses gestionnaires veulent.
Quelle enquête ?
Elle ne va pas vite cette enquête. On
dirait qu’elle marche sur des ¦ufs. La justice avait été informée par un
signalement sur ces retraits de fonds entre 2000 et 2006 provenant de la cellule
de lutte contre le blanchiment du ministère de l'Economie et des Finances
(Tracfin est un service d'enquête indépendant de son autorité de tutelle
: Traitement du renseignement et action contre les circuits financiers
clandestins). Interrogé par la banque sur ces retraits, M. Gautier-Sauvagnac,
aurait expliqué que ces fonds étaient « consacrés aux oeuvres sociales de la
métallurgie et plus particulièrement aux retraités ou malades du secteur »
selon le Figaro. Retraités et malades du secteur seront contents de le savoir…
C’est parce que les retraits ont continué en 2007 que le parquet de Paris a
ouvert une « enquête préliminaire » pour abus de confiance ». On nous indique
qu’une information judiciaire pourrait être ouverte. Ca tarde, non
?
Ce qui est extraordinaire c’est qu’on ne voit pas les images des
intéressés convoqués à la police, répondant à un juge. En attendant, Denis
Gautier-Sauvagnac poursuit ses activités. Mme Parisot poursuit ses activités. On
attend des mises en examen qui traînent. Tous demeurent libres et peuvent se
rencontrer, se concerter, effacer les traces, les preuves.
Dans
n’importe quel autre cas, pour des sommes d’argent bien moindres, la justice de
Mme Rachida Dati serait plus exigeante : elle fixerait déjà les peines planchers
! Rarement une association qui pourrait être de « malfaiteurs » bénéficie
d’une telle mansuétude. Personne ne met les nombreux complices possibles de
détournement de cette ampleur en prison préventive, et
les "perquisitions »
sont bien discrètes, polies, avec très peu de « fuites », peu de caméras, peu de
journal de 20 h.
On remarquera que les « journalistes d’investigation » ne
sont pas sur le coup. Personne n’entreprend d’enquêter sur la loi de 1884, sur
les statuts du Medef, sur les entreprises qui cotisent. La grande presse se
contente des dépêches et fait un service minimum d’information. Il n’y a pas
d’équipe pour chercher les informations comme pour le Rainbow Warrior ou Urba.
Le traitement est plus modeste que pour les abus de biens sociaux de la Mairie
de Paris sous Chirac.
Pour 600 millions d’euro, et des dizaines de millions
en liquide, voilà bien peu d’efforts.
Diversion vers les syndicats de
salariés
Tout de suite, les articles officiels de la grande presse
ont laissé entendre que la discrétion était nécessaire, car DGS a affirmé qu’il
s’agissait de « fluidifier les relations sociales ». Forcément, ce ne
sont pas les groupes Dassault et Lagardère qui vont cracher le morceau ! Alors,
de façon « entendue », la grande presse fait semblant d’être magnanime en ne
remuant pas trop la « boue », n’est-ce pas ? Si c’est pour le bien des
syndicats, où si ceux-ci sont mouillés, il ne faudrait pas les mettre en cause
!
Depuis quand le Figaro protége t il les syndicats de salariés ? S’il y a
des corrompus au niveau de ces syndicats, pourquoi ratent-ils l’occasion de le
faire savoir ? Voilà les grands médias qui s’interrogent doctement pour étudier
le financement… des syndicats de salariés. Comme si le « lien » était naturel,
évident, direct.
Le Medef propose de mettre cette question en débat alors
que cela fait de nombreuses années qu’elle l’est, et qu’ils la refusent. Il
existe sur ce sujet, des projets de loi de la gauche, depuis belle lurette, dont
le patronat n’a jamais voulu discuter. D&S a rédigé depuis longtemps,
rédigé des propositions en ce sens, mais ce n’est pas le sujet, ni le
moment.
Pour détourner l’attention des malversations de l’UIMM et du
Medef, DGS, Parisot suggèrent que c’est la faute aux organisations de salariés,
pas celle des unions patronales. Les unes étaient demandeuses (syndicats
pourris) et les dernières étaient généreuses (patrons éclairés). Finalement
DGS ne voulait qu’aider les pauvres syndicats de salariés qui, sans cela, n’ont
pas le sou. Quels syndicats ? Quels syndicalistes ? DGS refuse de « parler » :
la police ne lui met pas un spot de lumière et de la fumée dans les yeux pour le
forcer à avouer. DGS le clame : il n’est pas un « donneur ». Mais DGS était le
spécialiste des « négociations » avec les syndicats : très fort pour mettre tout
le monde autour de la table, et pour les dessous-de-table, laisse-t-on entendre.
Tout cela revient à salir les syndicats de salariés sans aucune preuve : pour
l’instant, les seules « mains sales » ce sont celles de DGS.
Car tous
les syndicats, eux, nient. Alors où va l’argent ?
La CGT examine
même les moyens de porter une plainte efficace pour dénonciation calomnieuse.
Le Monde, sous la plume de Patrick Roger, suggère : l’argent de l’UIMM
aurait pu servir pour la campagne de Giscard d’Estaing en 1974 ou pour d’autres
campagnes de la droite. Ah, il ne s’agit plus de syndicalisme, là. Ni de «
secours mutuel » et sûrement pas de la loi Waldeck-Rousseau. Il est suggéré
aussi que cela pourrait servir plus récemment et systématiquement à « faire
passer des amendements ». Au Sénat en 2002 et 2004, quelques études de cas
suffisent à démontrer l’efficacité du lobbying patronal auprès de certains élus
et groupes parlementaires. Douteux ? Le journaliste conclut : «
L'enchaînement des faits conduit pourtant à s'interroger sur les facilités dont
dispose l'union patronale de la métallurgie pour trouver au sein du Parlement
les relais par l'intermédiaire desquels ses positions peuvent être défendues
».
Posons la question légitime : n’est-ce pas à cela que servent les
retraits en liquide ? « Fluidifier les relations sociales » serait devenu
nouveau pseudonyme de « corruption » ? Cela consisterait donc à corrompre
des élus de droite ? Les enquêteurs de la brigade financière ont noté des «
pics de retraits en espèces » sur les comptes de l'UIMM dans la période
précédant les années d'élection présidentielle en 2002 et 2007… De quelle «
fluidification » s’agissait-il ?
« Certains salariés de l'UIMM
percevaient sur cet argent, jusqu'en décembre 2006, des primes en espèces de
10.000 euros par an en moyenne ». Tout les perquisitionnés reconnaissent avoir «
touché ». Est-ce à dire que c’était un moyen de ne pas payer les cotisations
sociales ? DGS commettait aussi des fraudes à l’Urssaf ?
On attend
le démenti ou les éclaircissements, car avec des millions en liquide tout est
possible : après tout DGS n’est-il pas un financeur de terroristes, un
blanchisseur d’argent sale ? S’ils ont besoin de se cacher avec des « espèces
» c’est que leur trafic n’est pas avouable, non ? S’il s’agissait d’une
bonne cause, DGS n’hésiterait pas à expliquer et à « donner des noms ». Pourquoi
Mme Parisot se dit-elle « salie » par l’affaire ?
Parce que le patronat
aurait payé des « jaunes » ?
Des briseurs de grèves ?
Des commandos
anti-syndicaux ?
Des dirigeants syndicaux pour qu’ils ne défendent pas leurs
mandants ?
Des syndicats entiers auraient été subvertis par le patronat
?
Des patrons pour qu’ils “tiennent bon” ?
"Ces fonds ont servi à
indemniser les entreprises qui sollicitaient notre secours après un
conflit", dit DGS dans Le Monde du 23 octobre. Selon lui, 170 millions
d'euro auraient ainsi été utilisés. En gros, il faussait « la concurrence
libre » et protégeait certaines entreprises des augmentations de salaires de
leurs ouvriers ?
Il existe, on le sait, des cas légaux de financement
de syndicat par accord dans les entreprises : par exemple, Sanofi-Aventis
signe des accords avec ses syndicats représentatifs et leur verse, telle année,
600 000 euro : mais cela fait l’objet d’un accord publié, déposé aux
services des conventions collectives, avec toutes les signatures, côté
employeur, (en l’occurrence y figure même la signature de François
Sarkozy) et côté salarié (tous les syndicats sans exception). On peut en
penser ce qu’on veut mais ce sont des signatures officielles, explicites,
légales, pas des versements en « espèces ». Cela prouve a contrario que les
versements en espèces sont « sales » et que la corruption est certaine. Deux
millions de liquide par an !
A n’importe quel prix, le profit maximum
« avec les dents » ?
La thèse de Sarkozy c’est qu’en aidant les
riches à s’enrichir, cela développera la croissance, car la fortune des uns crée
la fortune des autres. D’où son « paquet fiscal », son « bouclier fiscal »
pour protéger des gens comme Gautier-Sauvagnac et Lagardére. Leur donner plus,
les motiver au maximum : car ce sont, pense t il, ces géants de l’entreprise qui
prennent des risques et qui créent la richesse.
Mais cela ne marche pas,
bien sur : ces gens ne sont que de médiocres exploiteurs avec des visions à
court terme, qui n’ont rien de philanthropique, ni de généreux. Ce que l’état
leur donne, ils le prennent mais n’en ont jamais assez, plus ils en ont, plus
ils en veulent et plus ils prennent des mesures pour accroître leur pouvoir et
leur fortune. Les « initiés » d’EADS et ceux de l’UIMM, du MEDEF, c’est le
même monde, ce sont les protecteurs de Sarkozy, ceux qui le rejoignent au
Fouquet’s, sur le Paloma, à Wolfeborro, ceux qui l’ont hissé de la Mairie de
Neuilly à l’Élysée.
Ce sont ceux qui à Jouy-en-Josas, rassemblé par
milliers en « université du Medef », font à Sarkozy une « standing ovation ». Ce
sont les 500 familles qui ont gagné 80 millions d’euro de plus l’an passé par
rapport à l’année précédente et qui ne ré investissent pas ! Mme Parisot n’est
que la 273° sur ces 550 fortunes, ele qui plaide la précarité pour toutes et
tous !
Un patron sur deux du CAC 40 était mis en examen, il y a encore
dix ans. C’est le milieu des “affaires”, des Loïc-Prigent, des Boublil, etc. des
initiés d’Orange-Bouygues-SFR récemment condamnés à 400 000 euro d’amende
(seulement) pour “entente illicite”. De ceux qui gagnent mille fois le Smic, des
stocks option non imposées, des parachutes dorés, et qui se font encore réparer
leur sale de bain sur le compte de l’entreprise qu’ils dirigent. C’est ce
milieu que M Sarkozy et Mme Dati ont l’immense culot de vouloir surprotéger en
proposant actuellement de faire adopter une loi pour dépénaliser le “droit des
affaires” ! Pour aller chercher la croissance « avec les dents », il
faudrait faciliter ce genre de « caisse noire patronale » et pire
encore.
Les « initiés d’EADS sont aussi bien traités
par la « justice » de Mme Dati que les équipes complices de l’UIMM et du Medef :
ils ne sont pas en prison préventive, comme le seraient des vulgaires quidams
pour moins que cela. Ils peuvent se concerter pour leur défense, ils peuvent
effacer les preuves, dissimuler leurs malversations, ils refusent cyniquement
d’expliquer, les uns, comment ils ont réussi à prendre 800 000 millions d’euro
en vendant « habilement » leurs actions, les autres, ce qu’ils ont fait de leurs
dizaines de millions d’euro secrets en liquide.
Et tandis
qu’on alourdit la loi du petit, du pauvre, de l’exclu, Sarkozy s’est engagé à
demander au Parlement d’alléger les lois et les contrôles pour ces grands
affairistes !
La mentalité ce ces « entrepreneurs-là »
est entièrement révélée, projetée sur grand écran, au travers de cette affaire :
la prétendue « libre concurrence » capitaliste n’a rien de sain, elle repose sur
ce type de corruption : délit d’initiés et pots-de-vin en liquide. Ce n’est pas
« la croissance » qu’ils vont chercher « avec les dents » mais leurs profits
sans limites. Copains et coquins, complices et associés, initiés et cyniques, ne
sont pas des « risquophiles » ni des créateurs de richesses : ils s’assurent
avant tout contre tout risque en détruisant les droits du travail, en corrompant
des élus, et en cherchant à briser, par des caisses secrètes, le droit de grève
pourtant constitutionnel. Avec les dents, avec les dents !
Gérard Filoche, le 23
octobre 2007
« DGS »
Denis Gautier-Sauvagnac
“DGS” pilier du Medef, n’a que de la morgue à la bouche ! D’où lui vient-elle ?
de la certitude corrompre ?
"Ce système, (de versement de millions
d’euro en espèces) j'en ai hérité, dit-il, je suis le septième délégué général
depuis 1901, ça tombe sur le septième, pas de chance, mon devoir est d'assumer.
Mon erreur est de ne pas avoir arrêté le système en 1994", explique Denis
Gautier-Sauvagnac.
Cet homme est extraordinaire : il se veut «
moderne contre le code du travail » mais traditionnaliste pour le code
(d’honneur ?) du patronat.
DGS veut arrêter le système social mis
en place en France depuis le Conseil national de la Résistance, depuis 1945,
mais il ne sait pas arrêter le système de corruption auquel il préside de puis
1994…
Il est contre le paiement des jours de grève aux salariés
mais il verse 170 millions d’euro en liquide à des entreprises après un «
conflit » !
Je me rappelle encore ce vif débat à la Fête de
l’Humanité où l’on m’avait mis, il y a quelques années, à la même tribune que M
Gautier-Sauvagnac : explosant, il avait crié “ - Mais on vous les donne M.
Filoche vos cotisations sociales, on vous les donne, débrouillez vous avec,
assurez vous vous-mêmes”. Il avouait ainsi qu’il ne voulait plus de
cotisations sociales prélevées sur les salaires, qu’il ne voulait plus de
protection sociale liée au travail. Il ne voulait plus ne payer que l’acte
productif : ensuite, c’était à la bête salariée, travailleuse, de se débrouiller
elle même pour le reste, comme dans le bon vieux temps du XIXe°
siècle...
Sarkozy m’avait dit à “Ripostes” le 10 décembre 2006, “ - Je ne
partage pas votre détestation des employeurs, M. Filoche”. Je ne déteste pas les
employeurs, pas du tout, seulement les employeurs délinquants, et ceux qui sont
liés à eux et dépendent d’eux.
Les cinq ou six fois où j’ai eu de
me trouver face à DGS dans des débats, dont à l’Aréne de France, ou dans les
locaux de Libération, il était égal à lui-même, d’un mépris supérieur, à l’égard
de tous ceux qui ne “comprenaient rien” au monde de l’économie, qui “rêvaient”
encore de partage de richesses. Ainsi il était contre la durée légale à 35h, et
contre la retraite à 60 ans, et contre le droit du travail et les recours contre
les licenciements, et contre la sécurité sociale... Il est un de ceux qui a
contribué le plus activement à faire reculer massivement le droit du travail
depuis le 21 avril 2002, avec Mme Parisot, cette femme qui « savait beaucoup
inconsciemment ».
DGS et Parisot devraient aujourd’hui être
rapidement sur le banc des « mis en examen », jugés plus vite, plus sûrement,
plus sévèrement que des petits délinquants de banlieue, que les Jean Valjean
d’aujourd’hui auxquels on colle un an de prison de « peine plancher » pour
récidive dans le vol d’une baguette de pain. Car cela fait longtemps qu’ils
récidivent à l’UIMM et au Medef : 123 ans ! GF
site http//:www.democratie-socialisme.org
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