CONSEIL MUNICIPAL. --De crainte d'être sévèrement critiqués sur
leur gestion par la nouvelle majorité, Jérôme Mouhot et ses amis ont sorti les
couteaux. Trop vite?
Le chat
et les souris
Patrick GUILLOTON |
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C'est
à un combat digne d'une partie entre un chat et des souris que se sont livrés
majorité et opposition du Conseil municipal, jeudi après-midi (lire notre
édition d'hier). Et s'il devait y avoir un vainqueur au terme de cette première
grosse passe d'armes du mandat entre majorité et opposition, il est clair que
Jérôme Mouhot et ses six colistiers seraient déclarés perdants.
Intervention
remisée.
En fait, ayant appris que l'équipe Gourinchas allait dévoiler, le soir même, en
conseil, l'analyse rétrospective des finances municipales sur la période
2002-2008, l'ancien maire et ses amis ont craint le pire, d'autant plus qu'ils
ignoraient ce que contenait ce rapport. Ils ont donc décidé d'ouvrir largement
le parapluie en amont, d'abord sous la forme d'un point-presse dans
l'après-midi, rédigeant par ailleurs une intervention saignante destinée à être
lue lors de la séance publique.
Ainsi donc,
comme prévu, ce fameux conseil a-t-il été ouvert, en présence d'un public
nombreux - en grande partie acquis à la majorité de gauche - par la
présentation de cette analyse. C'est Patrick Sedlacek, l'adjoint aux finances,
qui s'en est chargé, sur un ton calme, très force tranquille.
Pas de
polémique ni de « politicaillerie », des chiffres, rien que des chiffres, tous
absolument indiscutables puisqu'issus des documents officiels de la ville. Un bilan
inquiétant quant à la santé financière de la cité confrontée à toujours plus de
charges alors que les recettes stagnent quand elles ne baissent pas. Une
capacité de désendettement passée de six à onze ans, « un chiffre qui va nous
contraindre à une grande vigilance dans nos orientations budgétaires futures »,
a-t-il ajouté, sans pour autant critiquer vertement les choix financiers du
passé.
Toujours
est-il que tant le ton que le contenu de cette présentation ont totalement
surpris Jérôme Mouhot. Lequel a été suffisamment beau joueur pour parler d'un «
constat objectif » et pour annoncer qu'il renonçait à l'intervention qu'il
avait préparée. Ce qu'il n'a pas dit, c'est s'il regrettait les vacheries
énoncées vis-à-vis de ses adversaires au cours de l'après-midi, en particulier
par Noël Belliot, lequel ne fait pas toujours dans la dentelle. Mais cela,
c'est le jeu politique, un univers où certains pans de la mémoire sont comme
celle des poissons. Au bout de trois secondes, tout est oublié?
Quelles
solutions ? Sur ces questions de gros sous, la suite du débat a été
intéressante, Jérôme Mouhot intervenant très longuement pour parler des
difficultés financières de toutes les collectivités, depuis l'État jusqu'à la
plus modeste des communes, le cas de villes très à l'aise (comme
Châteaubernard) constituant les exceptions confirmant la règle.
N'empêche
qu'au niveau fiscal, la ville de Cognac demeure vraiment à part. Ce, en raison
de son histoire, de la présence sur son sol des puissantes maisons de négoce et
de toutes les entreprises impliquées dans le monde du cognac, lesquelles ont,
des décennies durant, alimenté les caisses municipales par le biais de la taxe
professionnelle.
Il est
surprenant d'apprendre que le taux de la taxe d'habitation à Cognac est de 8,14
% alors qu'il est en moyenne de 17,92 % dans les villes de même importance.
Idem pour le foncier bâti : 19,10 % à Cognac, 25,57 % ailleurs. En 2005, les
impôts locaux ont augmenté de 6 % mais ils n'avaient pas varié depuis? 1992 !
Reste que
depuis 1994, la taxe professionnelle a été transférée aux communautés de
communes et que son allocation compensatrice demeure figée. Bref, tout cela
pour dire que côté nerf de la guerre, la nouvelle majorité va devoir faire des
choix. Même si, Michel Gourinchas l'a rappelé, son programme ne contenait pas «
d'éléments trop prégnants en terme financier ». « Réfléchissons tous ensemble
pour nous sortir des difficultés structurelles », a proposé Jérôme Mouhot.
C'est vrai
qu'il y aurait moins de temps de perdu si, une fois les élections passées, tout
le monde tirait dans le même sens. Pour cela, il va falloir que l'ancien maire
et ses amis commencent par éviter de hurler avant même d'avoir été touchés?
Ce conseil
municipal avait vraiment des allures de grand magasin où le chaland est
quasiment assuré de trouver ce qu'il cherche... et même ce qu'il ne cherche
pas.
Sur les 25
points inscrits à l'ordre du jour, beaucoup revêtaient un aspect très
technique, ce qui explique qu'ils aient été adoptés à l'unanimité. Unanimité
également quand il s'est agi de vanter la saison des basketteurs, même si tous
ont regretté que la montée ait été manquée de peu. La pensée positive
l'emportant, de tous côtés il a été dit que ce serait pour la saison prochaine.
Le club, qui va rembourser au 30 juin prochain un prêt consenti par la ville en
2007 de 30 000 euros, a bénéficié d'une avance de 18 000 euros sur sa
subvention 2009.
Sport
toujours, avec les subventions aux clubs et un bel exemple à suivre, celui des
Randonneurs du cognaçais qui, l'an passé, avaient obtenu 480 euros et qui,
cette année, en ont demandé... 320. Ce qui leur a été accordé.
Il a été
aussi longuement question de la construction de chalets par les services
techniques. Vingt chalets , pour un montat de 35 000 euros, qui, sitôt passée
la fête du cognac, vont être installés en partie autour du port, devant le
musée des Arts du cognac et enfin à proximité de la place Beaulieu aux
alentours du 20 juillet. Ils seront à l'image de la ville et occupé par des
artisans, des artistes, des producteurs, etc, leur objectif étant l'animation
des quais ainsi que promis par l'équipe élue en mars. L'hiver, ils seront
utilisés pour un marché de Noël en centre-ville.
Si, sur une
décision modificative du budget (à hauteur de 382 000 euros) l'opposition s'est
abstenue, par contre, il y a eu une unanimité supplémentaire pour dire non à
l'inspecteur d'académie qui envisage la fermeture d'un poste d'instituteur ou
de professeur des écoles de classe élementaire à Victor-Hugo pour la rentrée
prochaine. À Saint-Exupéry, un poste serait également dans le collimateur, mais
là, il est question de fermeture conditionnelle.